Témoignages

Le droit des affaires dans les veines

Portrait de Francoise Perrussel, Notaire à Clermont-Ferrand

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Le droit des affaires dans les veines

Quand vous rencontrez Françoise Perrussel, Notaire à Clermont Ferrand, n’essayez pas de la faire parler d’autre chose que de droit des affaires, vous n’y arriverez pas. La première chose qui saute aux yeux, c’est cet enthousiasme pour ce métier qu’elle exerce depuis maintenant 15 ans. « Si vous regardez bien, vous verrez que le droit des affaires est au cœur de tout, quand vous accompagnez un chef d’entreprise, vous traiterez immanquablement de droit de la famille en lui demandant quel est son statut marital, vous ferez du droit immobilier en vous chargeant de son patrimoine, vous vous pencherez sur l’ensemble des autres domaines du notariat, mais vous aurez commencé avec le droit des affaires ».

Elle n’aurait pas dû être notaire, mais greffière. Attirée par l’univers du tribunal, après deux années passées après le bac à écumer les petits boulots en attendant de trouver sa voie, elle se pose finalement sur les bancs de la fac pour une capacité en droit. Elle découvre, entre autres, celui du notariat. Ce sera donc l’Ecole du Notariat. 

Je me souviens qu’à l’époque, j’avais un prof qui nous disait « Si vous n’aimez pas l’humain, allez faire autre chose, vous n’y arriverez pas ». Je ne comprenais pas bien pourquoi, mais maintenant je sais ! Sans empathie, on est incapable de faire notre job. Ce qui ne nous empêche pas, bien sûr, de conserver une certaine retenue.

Cette notaire a toujours été attirée par le droit des affaires, et au sein de l’étude située en plein cœur de Clermont-Ferrand qu’elle a rejoint il y a une dizaine d’années, c’est tout naturellement ce pôle qu’elle manage. « J’ai eu de la chance, quand je suis arrivée, il y avait déjà de nombreux clients chefs d’entreprise, l’étude était déjà reconnue pour ses compétences dans le secteur. Depuis, je continue à développer ce pôle en essayant d’être la mieux formée et informée possible car c’est une matière en perpétuel mouvement. Mais je cherche aussi à nous ouvrir sur l’extérieur car je suis persuadée que le droit des affaires ne se pratique pas seul. »

Création de société, réduction de capital, mise en place de pacte Dutreil, gestion de comptes d’associés sont son quotidien et elle jongle avec les chiffres aussi bien qu’avec les articles des textes de loi. « Nous développons aussi beaucoup de partenariats, avec les experts comptables notamment, nous sommes obligés de travailler main dans la main. Je milite pour une alliance à 4, notaire, expert-comptable, assureur et banquier car ce sont les 4 piliers indispensables à la bonne protection d’un dirigeant. »

Son seul regret : qu’il n’y ait pas plus de droit des affaires dans les formations initiales des notaires. « Quand j’interviens dans des formations auprès des étudiants, je vois bien que le droit des affaires est quasiment inexistant. Je me rends compte aussi que nous devons encore moderniser notre image. Pourtant, nous sommes une des professions libérales qui avons le mieux exploité les nouvelles technologies, et heureusement, car cela nous a permis de continuer à travailler pendant les confinements. Nous nous sommes rendu compte que nous savions parfaitement gérer certains actes en télétravail, grâce aux procurations et aux signatures d’actes à distance. Mais cela ne suffit pas. Je crois que le droit des affaires est une des cartes à jouer pour attirer les jeunes. Je suis en contact avec des associations d’étudiants, et ils sont très demandeurs ! ».

Elle compte bien, entre deux rendez-vous avec ses clients, poursuivre la construction de ce réseau de compétences au niveau local qu’elle mettra ensuite à la disposition de dirigeants qu’elle accompagne. 

« Un notaire, c’est un partenaire. Nous sommes là pour conseiller quelqu’un au mieux, et lorsque votre client a besoin de compétences que vous n’avez pas, il faut aussi savoir lui dire et pouvoir l’orienter. Je vois des dirigeants entrer dans des spirales infernales qui peuvent aller jusqu’au suicide parce que tout s’enchaine, les premières difficultés économiques, la liquidation judiciaire, les dettes, le divorce… Si un dirigeant est bien entouré, il y a toujours mille solutions à mettre en œuvre pour casser cette spirale, encore faut-il les connaître. Alors les personnes qui pensent qu’elles font des économies en allant pas voir un notaire se trompent. Ce sont de mauvaises économies ! »

Françoise Perrussel n’entend pas s’arrêter là. Elle aimerait sensibiliser les instances nationales sur la nécessité de mettre un coup d’accélérateur sur la sensibilisation des dirigeants aux compétences des notaires. Quand on voit sa force de conviction, on se dit qu’elle pourrait bien arriver à faire bouger les lignes.